La complainte du Randonneur

 

Il a été dit

Que pour bien marcher

Il faut commencer étant petit

Et ne plus s’arrêter

 

A cette occasion, j’ai interrogé mes pieds.

Alors vous deux ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

Ah ! Tout de même, mon frère et moi, on se sentait un peu négligé.

On y est pour quelque chose à ta façon de marcher

Même au début de ton existence on était mignons

On nous appelait « les petits petons ».

Maintenant tous les dimanches, on est prisonniers

Enfermés dans d’horribles souliers

Dans le noir absolu.

On ne peut même pas respirer

Et, en plus, tu nous fais marcher

 

Marcher des journées entières

Sur des chemins de boue

Des chemins de poussière.

Et pour aller où ?

 

Marcher, chez toi

C’est une hantise.

Tu cherches quoi ? 

La terre promise ? 

 

Mais qu’avons-nous fait

Pour subir un tel châtiment

Alors que l’on assurait

Tes premiers pas de petit enfant ?

Mais quand il va arriver

Le dernier instant où tu vas t’en aller

« Les pieds devant »,

Alors là ! On pourra se reposer

Et on l’aura bien mérité.

 

Oui ! Bien sûr, mais avant de vous délivrer de votre triste sort,

Je vais vous demander de faire un effort

Surtout si le courage ne me manque pas,

Laissez-moi faire encore quelques pas.

 

Daniel MONCHY